Parmi tous les locataires égayant de leurs chants les vastes roselières, la Rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus) est très facile à repérer à sa voix forte qui porte loin. Car, en période nuptiale, elle ne peut passer inaperçue tant sa voix est bruyante et son caractère querelleur, s’imposant partout où elle s’installe.
Perché dans les roseaux, souvent presqu’au sommet d’une canne, parfois sur un buisson ou dans un arbre, le mâle lance avec vigueur ses notes rudes et râpeuses qu’il répète à un rythme variable, plutôt lent et haché. D’après Paul Géroudet, le profane pourrait volontiers croire que ces sons sortent du gosier d’un amphibien : similitude curieuse mais non unique dans le marais !
Mais c’est la taille et la robustesse qui frappent tout d’abord car elle semble presque aussi grosse qu’une grive, d’où sa dénomination en langue allemande ‘drosselrohrzanger’. Du fait de sa grosseur, la Turdoïde ne peut prétendre à la légèreté et à la finesse de ses sœurs rousserolles (effarvatte et verderolle). Mais elle se faufile avec adresse et discrétion dans la végétation palustre impénétrable au regard et n’apparait que fortuitement à découvert.
Cette grosse fauvette roussâtre à longue queue étalée, aux battements d’ailes saccadés peut cependant s’observer quand elle survole un instant les roseaux en frôlant leurs cimes ou quand elle traverse une mare en rasant l’eau.
La Turdoïde se nourrit surtout d’insectes et de larves, souvent de fortes tailles que, tantôt elle cueille sur les tiges et les branches, tantôt elle ‘pêche’ en descendant au niveau de l’eau.
En Belgique, la nidification n’est devenue que très ponctuelle ou occasionnelle pour un effectif inférieur à cinq couples. Lorsqu’elle est présente, elle se cantonne au bord des roselières ceinturant les étangs ou le long de cours d’eau, même exposés à des marées comme cela se présente dans la vallée de l’Escaut.
Par contre, en Afrique tropicale, où elle prend ses quartiers d’hiver, elle réside parfois loin de toute étendue d’eau, comme dans de hautes fougères où on peut déjà entendre son chant en janvier.
Un individu a été bagué au Domaine des Silex le 18 août dernier à l’occasion du camps de baguage ouvert au public : c’est donc la 182ème espèce observée au Domaine des Silex et environs immédiats depuis 1999 !