En vol – transportant une becquée – courtes pattes d’un individu bagué
Deux traits suffisent à dessiner la silhouette caractéristique du Martinet : deux ailes raides en faucille et un corps terminé par une queue fourchue. Par contre, pour raconter son mode de vie, deux livres sont nécessaires ! Voyez la bibliographie à ce sujet.
Cet oiseau sombre, mais pas noir contrairement à ce qu’indique son nom, mène une vie vraiment étonnante, toute faite et adaptée au vol : il se nourrit, boit, s’accouple, et même dort en vol ! Depuis son premier envol jusqu’à une douzaine ou quinzaine d’années plus tard, le Martinet noir passe sa vie à voler, entre l’Afrique du sud et nos contrées, jusque dans le nord de l’Europe !
Chez nous, il ne reste que trois mois. Il arrive fin avril début mai, à peine le temps de se reproduire, et il repart fin juillet vers l’Afrique.
S’il lui arrive accidentellement de tomber au sol, ses pattes très courtes pour des ailes très longues ne lui permettent pas de se donner l’impulsion suffisante pour redécoller. Il est alors à la merci d’un prédateur, à moins qu’il ne puisse, à l’aide de ses pattes griffues, grimper et s’élancer de plus haut. C’est d’ailleurs toujours d’un endroit élevé qu’il s’élance lorsque, quand même, il a décidé de se poser (pour couver ses œufs ou dormir au nid). Les martinets sont capables de voler à plus de 100 km/h en se poursuivant entre les toits et autres obstacles, leur course folle étant rythmée par leurs cris stridents si caractéristiques des soirées chaudes de mai à juillet.
C’est ce qui le distingue notamment des hirondelles qu’il remplace chez nous en ville. En effet, son habitat de prédilection reste les milieux urbanisés où beaucoup de personnes le confondent avec une hirondelle.
C’est en volant, le bec largement ouvert, qu’il happe des insectes. Mais pas au hasard. Suite à l’analyse du contenu de l’estomac d’individus trouvés morts, il a été constaté qu’il évite les hyménoptères (abeilles, bourdons, guêpes, …). Par mauvais temps, cet oiseau n’hésite pas à fuir à plusieurs centaines de kilomètres pour retrouver un ciel plus clément, et revenir dès l’amélioration météorologique. En l’observant, on peut donc prédire l’arrivée de la pluie ou le retour du beau temps ! Pendant cette absence prolongée des parents, les jeunes martinets ‘abandonnés’ entrent dans une sorte de léthargie dont les parents les sortent en les réchauffant et en leur apportant des boulettes d’insectes qu’ils ont gobés sur le chemin du retour. Une semaine de léthargie semble être la limite à ne pas franchir.
Enfin, lorsque le moment de l’envol des jeunes arrive, vers le 20 juillet, les parents cessent de les nourrir. Affamés mais plus gros que les adultes, les jeunes sont ainsi incités à ‘faire le grand saut’ dans le vide, et de réussir leur envol du premier coup. L’erreur n’est pas permise, sous peine d’atterrir sans pouvoir redécoller ! C’est à cette période que de nombreux martinets sont retrouvés au sol, ayant raté leur envol. Après quelques jours de soins, il suffit de les aider à décoller dans un endroit dégagé d’obstacles, et ils prennent leur envol. Cet été, c’est la canicule qui a compromis fortement les nidifications : si l’emplacement du nid sous une toiture conduit à trop de chaleur, la mort peut survenir par une ‘cuisson’ lente ! Dès lors, certains ont préféré se jeter dans le vide précocement.
Dans des conditions normales, la majorité des jeunes, dès leur premier vol, suivent leurs parents encore quelques jours dans le quartier qui les a vus naître. Ils sont ensuite entraînés dans leur migration vers l’Afrique centrale et du sud. En août, ils traversent la Méditerranée, en septembre, ils sont déjà loin en Afrique, où ils passent le Nouvel-An sud-africain … à voler.
Mais il y a tellement de choses à raconter au sujet de cet oiseau que, comme dit précédemment, l’espace nous manque. Nous espérons que vous avez profité des trois derniers mois pour bien l’observer. Lors des mardinets de ce mois (contraction de mardi et martinet) dont nous vous informions fin juillet, nous avons pu encore observer, en fin de journée, plusieurs dizaines d’individus dans leur ballet aérien.
Bibliographie
- La Hulotte, n°78 et n°79 (2x40p.), www.lahulotte.fr (également disponibles dans les boutiques vertes de Natagora)
- Aidons les martinets et les hirondelles, Cahier technique de la Gazette des terriers (52p.), www.fcpn.org
- Martinet noir : entre ciel et pierre, Cahier du MHNC (musée d’histoire naturelle de La Chaux-de-Fonds) n°15, Editions de la Girafe, 2014 (presque déjà épuisé !) www.chaux-de-fonds.ch