A quatre jours du 56ème anniversaire de la COWB, une Guifette noire a survolé durant une demi journée l’Etang de Boitsfort. C’est ainsi la 185ème espèce d’oiseau observée dans les environs depuis le 1er janvier 1999 ! C’est seulement la cinquième observation en Région bruxelloise depuis l’an 2000.
A leur vol souple, à leur petite taille et aux teintes sombres de leur plumage, on reconnaît cet oiseau de la famille des Sternidés. Un gris ardoisé sur le dos, les ailes et la queue, du noir à la tête et sous le corps, et du blanc pur au bas-ventre : c’est une livrée de deuil, certes, mais justifie-t-elle vraiment le nom « d’épouvantail » dont on avait affublé cet oiseau vif et léger ? Ou « hirondelle triste des mers » comme l’indique l’appellation en allemand (trauerseeschwalbe) ?
Mais le nom d’hirondelle de mer convient particulièrement bien à cet oiseau : ne dirait-on pas en effet un hirondelle qui voltige de-ci, de-là au ras de l’eau, en chassant des insectes ?
Au cours de ses allées et venues capricieuses, elle picore quelque nourriture dans une souple pirouette et parfois se laisse choir dans l’eau comme les grandes Sternes, pour y pêcher un petit poisson, mais sans plonger. Toujours contre le vent, c’est une quête incessante qui tantôt effleure la surface du lac ou de l’étang, tantôt s’élève et s’arrête un instant sur place, puis reprend sa course lente et onduleuse. Il est exceptionnel qu’elle se pose sur l’eau car elle préfère se reposer et dormir sur des objets flottants, des pierres émergés, des piquets ou à terre.
Les insectes aquatiques et leurs larves sont à la base de la nourriture de cette Guifette. Elle picore aussi sur les champs les insectes terrestres, des vers et pêche de petits poissons, des têtards et de minuscules grenouilles.
La Guifette noire a une immense zone de distribution. Ses plus grandes populations en Europe se sont établies en Europe de l’Est et dans les Balkans, et les plus grandes colonies de reproduction en Europe occidentale se trouvent aux Pays-Bas et en Allemagne. La Flandre est située près de la frontière nord-ouest de sa zone de nidification. La Belgique est très importante pour la Guifette noire car la quasi-totalité de la population d’Europe de l’Est migre à travers notre pays en automne via la région côtière ou sur de grands lacs. Au printemps, la migration est généralement répartie dans tout le pays.
La Guifette noire est une visiteuse estivale de la fin avril à octobre. En Belgique, elle nichait principalement en Campine, mais en petit nombre et très localement. Les populations ont fortement diminué depuis le début des années 1970, comme dans la plupart des pays d’Europe occidentale. En 1984, elle a niché pour la dernière fois en Flandre, plus précisément dans la Campine anversoise. La Guifette noire est actuellement considérée comme espèce nicheuse irrégulière.
Car l’espèce souffre principalement de la perte d’habitat due aux perturbations causées par les loisirs aquatiques, à l’eutrophisation des parcelles agricoles environnantes, à la dessiccation des tourbières ou des marais et à l’acidification due aux rejets, aux corps étrangers dans l’eau et aux dépôts acides.
Mais des mesures donnent l’espoir de son retour en Flandre. Par exemple, la dynamique naturelle des inondations de la Kleine Nete sera partiellement restaurée par sa transformation et des plaines inondables seront créées. À Het Vinne (Zoutleeuw), le seul grand lac eutrophe de Flandre et zone de reproduction potentielle, des radeaux de nidification sont mis en place à son intention.
Grande migratrice, la Guifette noire rejoint ses quartiers d’hiver en Afrique tropicale, du Sénégal à l’Angola.
Ce mardi 5 mai, une autre joie fut au rendez-vous : c’est un Héron pourpré qui a émis quelques cris lors de son passage au-dessus du Domaine des Silex ! 186ème espèce ! Voir prochain bulletin.