Beaucoup plus petit que la Gallinule poule-d’eau, presque de la taille du Merle noir, ce petit Rallidé aux mœurs secrètes possède un long bec rouge caractéristique.

Râle se disait rascle au XIIè siècle. Le terme vient du latin rasiculare (= racler) appliqué par métaphore à divers bruits respiratoires. Si aquaticus souligne son habitat dans la végétation aquatique son nom italien Porciglione (= cri du cochon) se rapporte à sa voix et rappelle qu’il est plus aisé de le repérer
au son qu’à la vue. Effectivement, il est rarement observé en terrain découvert et sa présence se manifeste typiquement par son cri de « porcelet qu’on égorge ».


Il arrive parfois à certains ornithologues de terrain, désireux d’effectuer le recensement des Râles d’eau dans un site, de diffuser ce cri au moyen d’un enregistreur : c’est la méthode de la ‘repasse’. Les individus cantonnés, s’ils répondent à cet appel, ce qui n’est pas garanti, sont ainsi répertoriés. Mais cette méthode est à proscrire en période de nidification, car elle perturbe le comportement des couples nicheurs.


Pour le photographe animalier, par contre, l’approche est plus paisible et silencieuse. Il lui suffit de s’installer en bordure d’une roselière marécageuse, armé cependant de beaucoup de patience, pour rencontrer le passage furtif du Râle d’eau et profiter d’un moment d’inattention de ce ‘râleur’ impénitent.
Le Râle d’eau fréquente les milieux humides avec eaux peu profondes et végétations abondantes, telles que ceintures de roseaux ou de joncs entourant étangs, mares, bras de rivières ou fossés. Il se nourrit de petites grenouilles, de têtards, de petits poissons, de vers de terre, d’escargots, mais aussi de verdure tendre et de semences.


Ce migrateur aux ailes courtes voyage de nuit, isolément et probablement à faible hauteur car il n’est pas rare de le trouver mort sous les fils aériens de haute tension. Par contre, attiré par les lumières de nos grandes cités, il lui arrive de s’échouer, affaibli mais en bonne santé, dans un jardin situé au cœur de la ville. Les Râles d’eau originaires de la Scandinavie passent l’hiver de la Grande-Bretagne aux Pays-Bas jusqu’au sud de la France et l’Italie.


L’avenir du Râle d’eau est étroitement lié à celui des zones marécageuses. Si la disparition de celles-ci continue, les effectifs de cette espèce en pâtiront d’autant.


L’espèce niche dans une grande partie du Paléarctique à l’exception des régions boréales. Il est répandu en Europe en deçà du 60° de latitude nord. La population est évaluée entre 140 000 et 360 000 couples, mais probablement sous-estimée en raison de la difficulté de son recensement. Les populations autour de la Belgique sont estimées entre 10 000 et 20 000 couples en France, 7 500 à 14 700 couples en Allemagne, 2 500 à 3 200 aux Pays-Bas et quelque 30-40 couples au grand-duché du Luxembourg. Ces effectifs semblent le plus souvent fluctuants ou stables mais l’évolution des tendances reste malaisée.


La population belge est estimée entre 800 et 1 200 couples, dont 75 % en Flandre. À Bruxelles, l’oiseau ne serait plus qu’un migrateur et un hivernant régulier, bien que les sites de nidification potentiels subsistent (marais de Jette et vallée de la Woluwe) et que la proximité de sites de reproduction brabançons rende la recolonisation toujours possible. Selon les résultats provisoires de l’Atlas, encore en cours d’élaboration, des oiseaux nicheurs et hivernants de Bruxelles 2022-2024, les couples nicheurs pourraient être au nombre de 2 à 4. L’estimation du nombre d’individus hivernants s’évalue à 15-30 individus.
Chaque hiver, le Râle d’eau est observé et/ou entendu à l’étang de Boitsfort.
La COWB a sponsorisé cette espèce dans le cadre de la réalisation de l’Atlas européen de oiseaux nicheurs EBBA2.

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