Si ce n’était sa taille plus forte, on confondrait aisément l’Autour des palombes Accipiter gentilis avec l’Epervier d’Europe Accipiter nisus, qui a la même silhouette, des allures analogues et, chez la femelle, un plumage assez semblable à celui de son grand cousin à l’âge adulte. De tous les rapaces européens, c’est sans doute celui qui possède les moyens les plus étendus en proportion de sa grandeur.
Alliant la force, la vitesse et l’agilité à la détermination, l’Autour chasse selon les mêmes principes que l’Épervier, plus enclin cependant à l’embuscade. Immobile, perché sur une branche basse ou sur un piquet, mais de préférence à couvert, il écoute et observe longuement, prêt à foncer sur la proie de son choix. De larges ailes obtuses et une longue queue lui permettent de parcourir avec fougue les zones boisées, d’évoluer avec sûreté et
rapidité dans le dédale des arbres et des buissons, de freiner, d’accélérer et de virer brusquement pour atteindre ses proies par surprise, que ce soit au vol ou posées au sol ou sur l’eau. Avec ses longues jambes et ses longs doigts armés de griffes acérées, il capture de préférence les oiseaux, du Moineau à la Corneille noire mais aussi des écureuils ou le lapin sauvage.
Si l’Autour habite les massifs boisés d’une certaine étendue, il en exploite plutôt les approches que l’intérieur car il a besoin d’une alternance variée de clairières, de lisières, de bois et boqueteaux. Son activité s’étend au champ coupé de haies, au marais et aux étangs bordés d’arbres en évitant dans la règle les grands espaces ouverts et les peuplements humains. Les exigences territoriales de l’Autour sont incompatibles avec de
fortes densités.
Avec un effectif nicheur en Belgique de moins de 2 000 couples, l’Autour n’est ni le concurrent du chasseur ni l’ennemi du colombophile. L’Autour est sédentaire, protégé en Europe occidentale, et est le seul prédateur potentiel des Corvidés dont l’accroissement en surnombre cause bien des problèmes à des petits passereaux.
L’espèce est présente dans la plus grande partie de l’Europe, excepté en Islande et Irlande.
Objet d’intenses persécutions durant le 19è siècle et début du 20è, ce rapace est resté rare dans beaucoup de pays européens jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Les effectifs ont alors augmenté avant de diminuer à nouveau à partir des années 1950 suite à l’utilisation des pesticides en agriculture. Dès le début des années 1970, l’interdiction de ceux-ci et la protection légale en de nombreux pays a contribué à de nouvelles augmentations et expansions qui furent parfois spectaculaires comme en Flandre (12 couples en 1961-1967, 300 à 400 en 2000-2003), aux Pays-Bas (29 couples en 1972, 1 800 à 2 000 en 2004). Les effectifs européens sont estimés entre 70 et 100 000 couples, hors Russie, dont 11 à 13 000 en Allemagne et 4 500 à 6 500 en France. En Belgique l’espèce est répandue en Basse et Moyenne-Belgique. La population est estimée à 350 à 450 couples en Flandre et 500 à 750 en Wallonie. A la périphérie de Bruxelles, l’espèce niche seulement en forêt de Soignes. Soit 10 à 20 couples. Nous avons eu le plaisir d’observer brièvement un individu survolant à faible altitude le domaine des Silex lors de la promenade du premier dimanche du mois de mars (3/03/2024). Les cris des corneilles et perruches ‘du quartier’ et l’envol de nombreux pigeons juste avant cette observation étaient des indices annonciateurs.