Elégant, il l’est assurément avec son plumage brillamment coloré, son masque facial rouge, les joues blanches, sa nuque noire, ses ailes noires frappées de jaune, très visibles en vol et ses dessous blanchâtres. La femelle est un peu plus terne, tandis que les jeunes ne portent pas de masque rouge très apparent.
Le plumage chatoyant brillamment coloré ne serait dû qu’à une erreur du Créateur ! Selon une légende populaire, ayant épuisé toutes les teintes de l’arc-en-ciel pour orner les plumes des oiseaux, le Créateur s’aperçut avec effarement qu’il avait oublié un petit oiseau tout terne. Fatigué, mais conscient de ses responsabilités, il trempa son pinceau céleste dans chaque pot de couleurs afin d’y récupérer la dernière goutte et ainsi « Dieu fit le Chardonneret » qui reçut le surnom bien mérité d’élégant ! En Angleterre, l’oiseau acquit le titre mérité de « Proud Tailor », fier tailleur !
Le Chardonneret élégant affectionne les parcs, les grands jardins arborés, les cimetières plantés d’arbres d’ornementation et, plus au sud, les places publiques avec des arbres à larges frondaison. Partout, il cherche des endroits paisibles et bien ensoleillés où il peut trouver une végétation herbacée riche en plantes de la famille des Composacées (ou Astéracées). Il se nourrit principalement de graines de chardon (d’où son nom), de pissenlit, de séneçon, de bardane, de renoncée, ainsi que de semences d’arbres, de bouleaux, de platanes, et de conifères.
Mais cet habit coloré et flamboyant, auquel il faut ajouter un chant mélodieux, animé de roulades et de trilles claires, ne portèrent pas chance à cet oiseau multicolore qui fut de tout temps fort convoité et activement braconné par les amateurs d’oiseaux de cage et de volière.
Si le Chardonneret est par excellence « l’oiseau des chardons », sa dénomination néerlandaise (Distelvink) évolua en Putter (puisatier), et pour quelle raison ? tout simplement, parce qu’il fut de coutume, jusqu’entre les deux guerres, de maintenir le Chardonneret captif au moyen d’un corselet, à la margelle d’un puits en miniature : pour s’abreuver, l’oiseau se devait de retirer du puits un petit seau rempli d’eau en tirant à lui, au moyen du bec et des ongles, une fine chaînette…
Chez nous, l’espèce niche surtout dans le sud du pays, où il est bien représenté en Gaume, régulier en Ardenne, dans le Pays de Herve, le Condroz et le plateau hennuyer-brabançon. Selon les trois derniers atlas régionaux des oiseaux nicheurs (Bruxelles 2000-2004, Flandres 2000-2002, Wallonie 2001-2007), la population est estimée à quelque 7 500 couples nicheurs, soit respectivement 6-7 couples à Bruxelles et 650 à 1 200 en Flandres et environ 6 600 en Wallonie.
Ce bel oiseau serait certainement présent partout en plus grand nombre, comme dans tous les villages de France, si l’acharnement à le capturer et la tenderie avaient été réprimés comme il se doit.
Un individu fut observé et se fit entendre le mardi 26/7 dernier au Domaine des Silex, où c’est une première observation estivale de l’espèce.