En 1995, seuls 8 couples d’hirondelles de fenêtre nichaient encore dans la commune. Comme dans les autres communes bruxelloises, les colonies de Watermael-Boitsfort étaient au bord de l’extinction. Les nids étaient encore trop souvent détruits. Et faute de boue, les hirondelles rencontraient d’énormes difficultés à les reconstruire. Or, 1995 avait été consacrée « Année européenne de la conservation de la nature ». La COWB saute sur cette occasion pour tenter un pari un peu fou : le sauvetage des hirondelles boitsfortoises.
Avec l’aide de la commune et de Bruxelles Environnement-IBGE, quelques nids artificiels en béton de bois sont placés en 1995 sur l’école de la Sapinière et chez quelques particuliers dans le Coin du Balai. Mais, les hirondelles vont-elles adopter ces logements préfabriqués ?
L’attente paraît bien longue. Il faut attendre 1997 pour voir les premiers nids artificiels occupés. Par contre, le nombre de nids naturels continue de décroître suite à des chutes naturelles ou plus souvent après destruction volontaire.
Forte de ce premier succès, la COWB placera ensuite chaque année de nouveaux nids, au Coin du Balai mais aussi aux environs de la place Keym. La population d’hirondelles retrouve le chemin de la croissance dans notre commune. Hélas, ailleurs à Bruxelles les disparitions se succèdent à Ixelles, Auderghem, Woluwe-Saint-Lambert. Même la très importante colonie de Mater Dei s’éteint en 2004. Définitivement ?
Forte de son expérience, la COWB conseille judicieusement Bruxelles Environnement-IBGE et la LRBPO (Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux) lors du sauvetage de la colonie de la rue du Charroi à Forest. C’est une deuxième victoire importante.
En 2008, avec Charlie Carels, se crée le GTH (Groupe de Travail Hirondelles d’Aves-Natagora). Il associe les pionniers de la COWB à d’autres amoureux des hirondelles. L’objectif est simple et ambitieux à la fois : exporter et appliquer ailleurs les recettes mises au point à Watermael-Boitsfort.
Et ça marche ! (ça vole !).
La colonie de Mater Dei est rapidement redynamisée. Eteinte en 2004, elle renaît de ses cendres. Les 40 nids artificiels placés en 2008 seront quasiment tous occupés dès 2012 !
A Wezembeek-Oppem également, sous l’impulsion de Charlie, la pose de nids artificiels permet un redressement rapide de la population d’hirondelles. On n’y comptait que 6 couples en 2007. En 2014, il y en a de nouveau 48 dont 46 nichant en nids artificiels.
Depuis lors, via le GTH, l’expérience boitsfortoise fait d’innombrables émules partout en Belgique mais aussi en France, en Suisse, aux Pays-Bas… En décembre 2011, Mario Ninanne (pour la COWB) et Charlie Carels (pour le GTH) sont même invités à exposer leur « recette miracle » au Colloque Francophone d’Ornithologie à Paris. (Actes du 34e CFO – 2011)
Cette année, nous fêtons donc nos 20 ans d’engagement en faveur des hirondelles de fenêtre. Et assez peu modestement, nous sommes fiers des résultats obtenus : nous avons démontré qu’il était possible de sauver ces oiseaux.
Merci à tous – membres de la COWB et du GTH – particuliers, sociétés et administrations qui nous ont aidé à concrétiser ce qui au départ semblait une utopie.
Protection et recherche scientifique
Les nids artificiels ont permis de baguer sans risque les poussins d’hirondelles. Depuis 1997, plus de 1 800 hirondelles ont été munies d’une bague à Watermael-Boitsfort et dans les colonies environnantes (et Brabant wallon). La capture au filet des adultes, devant les nids, a permis de réaliser de nombreux contrôles. Les données ainsi recueillies ont permis de compléter utilement nos connaissances sur la vie de ces sympathiques oiseaux (longévité, fidélité au nid, etc.…).
En 2012 et 2013, quelques hirondelles de fenêtre boitsfortoises ont été équipées d’un mini géolocateur. Objectif : les suivre tout au long de leur migration vers l’Afrique et découvrir enfin où nos hirondelles passent l’hiver et mieux connaitre leurs voies de migration. Les données, récoltées au printemps 2014, ont comblé nos attentes.
Ceci fera l’objet d’un article passionnant qui paraîtra cet été dans votre bulletin de la COWB…